Category Archives: FF HHH

Review – Suboko – Bru-Tes – EtherReal

EtherReal – Fabrice Allard – 10/03/2011 – link

Suboko est un trio français, principalement porté sur les percussions et bandes. On les découvre avec cet album qui est leur première collaboration avec le label belge FF HHH dont nous parlons désormais régulièrement, livrant des productions qui sortent des sentiers battus, globalement orientées free, drone, noise et rock.

Avec Suboko c’est l’improvisation qui donne l’impression de dominer puisque l’on trouve sur ce CD une petite demi-heure d’un dense amas de percussions métalliques, crissements de bandes et tonalités électroniques. La première chose qui surprend est le nombre de pistes. Bru-Tes est composé de 99 pistes de 18 secondes, mais on se rend bien vite compte qu’il ne s’agit en fait que d’une seule pièce de 30mn qui a été méthodiquement découpée, sans se préoccuper de l’endroit où allaient se faire les changements de piste. On se rendra compte que ce n’est en fait qu’un détail.
L’auditeur a bien sûr le choix dans la manière d’aborder ce disque. Écouter classiquement les pistes les unes à la suite des autres ou bien opter pour le mode lecture aléatoire comme le conseille le trio. Dans le premier cas, on aura l’impression d’écouter un live. En fait deux concerts donnés en octobre 2009, l’un à Bruxelles, le second à Nantes, qui ont été mixés, assemblés, afin de produire une pièce unique dont on sera bien incapable de dissocier les deux sources. En cas de lecture aléatoire, pas de gros changement car la musique de Suboko est extrêmement dense et imprévisible. Dans les deux cas, on passe ainsi rapidement d’une coup de cymbale à un jingle, d’un souffle grésillant à un fin sifflement, d’un mitraillage de basse à un rapide roulement de tambour, d’un grincement industriel à un chant d’insecte en passant par une furtive note de cuivre.
Dans les deux cas l’auditeur s’en prend plein les esgourdes. Tel un feu d’artifice, les sonorités jaillissent de toutes parts, les percussions assènent leurs coups vifs et secs, tandis que l’électronique tend à gronder.

On est souvent un peu perplexe face aux enregistrements de concerts d’improvisation, mais Suboko s’en sort plutôt bien avec cet album. D’une durée parfaite, d’une densité impressionnante, avec ce petit plus ludique lié à l’écoute aléatoire, Bru-Tes sera parvenu à nous séduire. Pour les amateurs du genre, le groupe devrait être en concert le 2 avril dans le cadre d’un concert du NonJazz (à surveiller car pas encore annoncé sur le site des organisateurs).

Review – Jean DL – The Room With The Flower Wallpaper – EtherReal

EtherReal – Fabrice Allard – 27/02/2011 – link

Jean D.L. est le projet de l’artiste belge Jean De Lacoste, musicien et vidéaste que l’on découvre ici. Actif depuis 2005 environ, Jean D.L. a notamment collaboré avec Sepia Hours et il apparaissait en mai dernier sur la compilation Free Classical Guitars du label FF HHH, consacrée à des improvisateurs européens de la six cordes.

C’est donc à la guitare que se produit principalement (exclusivement ?) le Belge, avec un mini album croisant douceurs contemplatives et tensions inquiétantes. On passe rapidement d’un style à l’autre, les 8 morceaux sans titres se révélant de courte durée, entre 1 et 3mn, donnant une impression de vignettes sonores, de courtes expérimentations improvisées qui pourraient éventuellement être des bases à un travail futur.
L’ambiance est d’abord sombre, l’album s’ouvrant sur un gros crash métallique et des guitares graves. Celles-ci se font ensuite plus douces, diffuses, voire un peu hésitantes, puis alternent avec des vagues d’une présence plus affirmées, sans que le son ne paraisse vraiment aride.

On ne sait pas dans quelles conditions ce disque a été enregistré, mais on a l’impression qu’il s’agit d’un concert, un set composé d’improvisations, peut-être en raison des flottements ambient qui hantent l’album, à moins que ce ne soit à cause des montées bruitistes de Untitled 04 ou des arrangements bancals qui suivent, lorgnant alors vers la musique contemporaine.
C’est donc une impression de liberté qui domine, comme si ces guitares virevoltaient selon leur bon vouloir, s’étoffant puis disparaissant sans prévenir, bifurquant par des chemins de traverse avant de retrouver une ligne bien définie, donnant même une impression de répétition sur la dernière piste.

Une douceur agréable et une approche finalement assez rare dans le domaine de l’improvisation.

Review – Sudoko – Bru-Tes – Dark Entries

Dark Entries – Didier Becu – 18/01/2011 – Link

Suboko lijkt misschien op één of ander Japanse puzzel maar in muziekland zijn dit eigenlijk drie heren uit Frankrijk die wat noise willen maken. Wanneer u denkt dat Bru-Tes een wat bizarre naam is dan hebt u het ook weer mis want deze cd is eigenlijk een livesessie die is opgenomen in Brussel en Nantes en dit in de periode van Oktober 2009.

Op “Bru-Tes” krijg je 30 minuten muziek die bestaan uit 99 (!) tracks en het leuke is dat je de nummers in willekeurige volgorde kan afspelen. Natuurlijk is dat wel een leuke gimmick, ook al is er waarschijnlijk geen mens die zich daarmee zal bezig houden alhoewel sommige niks anders te doen hebben.

Trouwens wanneer we zoiets vertellen duidt dit ook reeds op het hoog experimenteel karakter van deze release en daarbij zal ik waarschijnlijk niet de enige zijn die dit industrieel werkje zal vergelijken met de begindagen van Einsturzende Neubauten.

Op deze cd hoor je allerlei bizarre geluiden die affiniteiten vertonen met wat je voelt wanneer je het fameuze horrorhuis uit “The Texas Chainsaw Massacre” zou betreden. “Bru-Tres” horen is zoiets als een slachthuis binnengaan waarbij je om elke hoek kijkt of niemand achter je staat.

De metalen geluiden boezemen je angst in terwijl op de achtergrond een monsterachtig geluid je er aan herinnert dat je maar beter op je tellen past. Een ideale soundtrack voor getormenteerde zielen dus.

Review – Jesus is my son – Je suis Dieu – Foxy Digitalis

Foxy Digitalis – Jordan Anderson – 28/07/2010 – Link

This is an excellent series of devotional pieces by Jesus is my son, evidently influenced by “Olivier Messiaen’s Christian music,” and attempting to make “a Church organ album with a single guitar without any artifact,” according to notes for the album. It is a highly interesting concept, and the recordings presented here are as interesting as the idea behind them: not only do some of the best aspects of the recordings come from a real heaviness of the distorted, fingerpicked guitar, on pieces such as “L’Ascension du Seigneur” and “Le Chemin de Croix – station 4,” but on the arpeggiated “Hymne a la Vierge Marie,” a genuine highlight of the record, played in what sounds like the style of a Baroque composition, a real sense that the artist has accomplished what they have set out to do is expressed. 9/10 — Jordan Anderson (28 July, 2010)

Review – Jesus is my son – Je suis Dieu – Shoot me again

Shoot me again – Fred – 06/07/2010 – Link

Je Suis Dieu… rien que ça ! Quand on appelle son projet JESUS IS MY SON , il n’y a rien d’étonnant de se prendre pour Dieu après. Et quand on veut faire de la musique christique comme Olivier Messiaen, il ne faut pas se surprendre à s’interroger si l’auteur ne nous fait pas une crise mystique.

En solitaire maintenant, Duby reprend les commandes 4 ans après le EP Sacrifices Odieux. Toujours mu par ses expérimentations sonores, JESUS IS MY SON a pour ambition de recréer une musique similaire à celle des orgues d’églises avec sa seule guitare. Sans d’autres artifices que la distorsion, Je Suis Dieu développe une musique lente et atmosphérique. Aux ambiances étranges et stridentes, elle résonne de ses mystères.

Si le son de guitare ne trompe pas, il est vrai que le style est organesque, engendrant un climat malsain fait d’introspection, de mysticisme et d’angoisse. Avec cette retranscription occulte de cette crainte du jugement du Tout Puissant, ma demeure prend sous ce déluge de sons des allures de lieux de culte et de recueillement. Mes vitres se changent en vitraux sombres, rouges et bleus qui tamisent la lumière.

L’esprit se serre et les torpeurs refont surface. Subjugué par cet univers, le temps s’est arrêté et l’expérience se vit dans la douleur et la culpabilité. Tout comme la musique du film de Stanley Kubrick, Shining, contribue à plonger le spectateur dans cet univers de folie et de possession, JESUS IS MY SON retranscrit la culpabilité inculquée, bien malgré nous, par deux millénaires de christianisme qui rode dans ces monuments abyssaux que sont les églises.

La tentative était audacieuse. En créant un son massif, chargé d’écho et de résonance, JESUS IS MY SON parvient incontestablement à relever le défi qu’il s’est lancé. On ne sort pas indemne de cette expérience qui rappelle finalement à quel point un monde uniquement fait d’images ou de discours serait bien moins efficace et qui soulève la question du rôle de la musique dans l’endoctrinement religieux.