Interview – Jesus is my son – Shoot me again

Shoot me again – Fred – 10/08/2010 – Link

Petit entretien avec Grégory Duby (K-BRANDING) qui nous parle de lui mais aussi et surtout de JESUS IS MY SON et de son premier album.

Duby, tu te retrouves maintenant tout seul aux commandes de JESUS IS MY SON , comment te sens-tu dans ce projet ?

Vu le coté minimaliste du projet, être seul n’est pas un réel handicap. Ca laisse plus de place à la respiration, plus de liberté sur l’interprétation. Cela a été juste un peu compliqué pour garder la même présence sonore . Il a fallut adapter le son. Après 3 ans d’essais, j’espère y être arrivé.

J’ai vu que tu venais de sortir une disque sous ton nom : GREGORY DUBY . Quelle(s) différence(s) fais-tu avec JESUS IS MY SON où tu es maintenant seul, pour rappel ?

Je me suis longtemps posé la question. Les choses se sont décantées il y a peu. Sous mon propre nom c’est principalement de la musique improvisée ou des compositions spontanées. Pour Jesus is my son , il y a un travail d’écriture en amont. C’est exclusivement des compositions d’ailleurs. Il y a aussi une identité plus marquée dans Jesus is my son , une volonté de cohérence et peut être aussi une approche plus introspective. Jesus is my son est plus personnel peut être.

JESUS IS MY SON , un nouvel album intitulé Je Suis Dieu, une inspiration tirée des compositions pour orgues d’églises, l’utilisation d’iconographie… Quelle est ta relation avec la religion ou les religions ?

Je suis un religieux athée. Ce n’est pas réellement le coté divin qui m’intéresse. C’est plutôt l’Eglise en tant que phénomène à travers les âges. Ce sont aussi les cultes, les rites de tout type qui m’interpellent. On ne peut rester indifférent face à des gens qui se réunissent et communiquent avec un Autre par la prière, la danse, les sacrifices. C’est plus mystique que véritablement religieux.
La religion permet aussi de se placer dans le Monde, de se faire une idée du Monde. Malgré un objectif différent, l’art aussi montre le Monde. Dans Jesus is my son , j’essaye d’approcher l’idée d’immortalité, de rendre un moment éternelle par la lenteur. Grâce à la lenteur, on focalise son esprit sur ce qui se passe entre les évènements, on étire le temps. L’éternité est là, entre les évènements.

On sait que la musique joue un rôle dans la dynamique et la narration d’un film. On n’oublie par contre qu’en matière de religion (orgues d’églises, chants grégoriens, …), de mysticisme (transe chamanique, rythme voodoo…) ou de politique (propagande militaire, …), elle a joué et joue encore un rôle particulier et important. Sans ces « bandes-sons », l’effet d’un discour, d’un dogme serait sans doute moindre. Qu’est-ce qui t’intéressait dans cette musique que tu as choisi de transposer ?

J’aime surtout l’idée d’une musique qui ne s’adresse pas aux hommes mais à l’Homme ou à l’Autre. Une musique pour aider les hommes à s’élever. Une musique en offrande. Je me suis surtout intéressé à la musique d’orgue car elle est à la fois une musique soliste car jouée par une seule personne mais aussi très orchestrale. C’était proche de l’idée que je voulais pour Jesus is my son .
Dans l’album Je suis Dieu, c’est la dévotion, la pénitence, le sacrifice, l’idée d’une éternelle souffrance. C’est aussi la faute originelle. Cette faute qui pèse sous chaque note. La lenteur et la pesanteur pour porter la culpabilité originelle.
On retrouve cette lenteur et cette pesanteur dans le cinquième mouvement Louange à l’Eternité de Jésus du Quatuor pour la fin du Temps de Messiaen. Un mouvement qui a beaucoup influencé l’album. D’ailleurs dans le morceau Louange à mon fils, je reprends les premiers accords du mouvement. C’est discret mais c’est bien là. Le titre est aussi à mettre en lien avec ce mouvement de Messiaen.

Comptes-tu te produire sous le nom de JESUS IS MY SON ?

Après un temps d’hésitation, oui. Maintenant, j’ai vraiment envie de refaire des concerts avec Jesus is my son . Depuis peu, je répète le dimanche matin. Ca m’a permis de travailler la texture du son et de travailler un set. Comme je serai seul sur scène, j’avais vraiment besoin d’être rassuré sur la consistance du projet en live. Et puis, répéter du Jesus is my son le dimanche matin, c’est tout un symbole.

On sait que tu aimes l’expérimentation. As-tu déjà une idée du prochain concept, de la prochaine idée que tu veux exploiter avec JESUS IS MY SON ?

Pour moi, il n’y a pas vraiment d’expérimentation avec ce projet, c’est plus une idée qui est développée. J’aimerai pouvoir ajouter du silence dans Jesus is my son mais j’ai encore peur de ce que j’entendrai dans ces silences. Et comme j’ai dit, dans un futur proche le plus important pour moi est de donner des concerts. Entre temps, il y a mes autres projets pour expérimenter.